Vivre - Akira Kurosawa - 1952

	Takashi Shimura	...	Kanji Watanabe
	Shin'ichi Himori	...	Kimura
	Haruo Tanaka	...	Sakai
	Minoru Chiaki	...	Noguchi
	Miki Odagiri	...	Toyo Odagiri, employee
	Bokuzen Hidari	...	Ohara
	Minosuke Yamada	...	Subordinate Clerk Saito
	Kamatari Fujiwara	...	Sub-Section Chief Ono
	Makoto Kobori	...	Kiichi Watanabe, Kanji's Brother
	Nobuo Kaneko	...	Mitsuo Watanabe, Kanji's son
	Nobuo Nakamura	...	Deputy Mayor
	Atsushi Watanabe	...	Patient
	Isao Kimura	...	Intern
	Masao Shimizu	...	Doctor
	Yûnosuke Itô	...	Novelist

135 minutes
Titre original : Ikiru

Dans un bureau de l'administration. Les différents services se renvoient la balle et rien n'avance jamais. Un groupe de femmes venues dénoncer l'insalubrité d'un terrain vague demande à ce qu'un parc pour enfants soit créé. Elles passent ainsi de service en service sans que la situation ne se débloque.

Watanabe est le chef de l'un de ses services : surnommé la "momie" par ses employés, il atteint les 30 ans de service. Depuis 25 ans il est évident qu'il n'a aucun plaisir dans la vie et qu'il se contente d’apposer son sceau sur les documents avec une lenteur étudiée. Il souffre de l'estomac depuis un certain temps et va consulter un médecin à l'hôpital. Il s'avère qu'il a un cancer et qu'il ne lui reste que quelques mois à vivre mais il ne sait comment s'y prendre. Il se remémore sa femme, décédée alors que son fils était encore bien jeune, son fils qu'il retrouve à la maison avec sa bru et avec lequel il ne communique pas.

Il se fait porter malade et rencontre un homme dans un bar qui écrit des nouvelles populaires. Celui-ci tente de lui faire voir d'autres aspects de la vie et l'emmène boire, voir des filles, danser etc. mais Watanabe ne retrouve pas le sourire, bien au contraire. Jusqu'au jour où l'une de ses employées vient le trouver à la maison afin qu'il appose son sceau sur sa demande de démission. Watanabe la suit pendant quelques jours, fasciné par la terrible envie de vivre de l'énergique jeune femme. Il tente alors d'apprendre d'elle mais la jeune femme prend peur, sans compter que son fils et sa bru ainsi que la concierge jasent à son sujet. Jusqu'au jour où il décide de prendre en main le projet du terrain vague insalubre ...

Un film qu'il faudrait voir avant qu'il ne soit trop tard ! bien sûr si vous appréciez la vie, si vous mordez dedans à pleines dents vous connaissez déjà la réponse. Par contre, si vous sentez que votre travail vous indiffère, que la vie ne vous apporte rien et que vous n'êtes ni sensible aux couchers de soleil ni aux sourires de votre voisin, ce film est vraisemblablement pour vous.

Un film qui fait réfléchir, un film qui vous émeut certainement aussi tant les scènes paraissent familières. Le travail de l'administration, le comportement des subalternes, la révolte face à l’indifférence, le manque de communication, que ce soit entre le personnel des différents services ou entre les enfants et leurs parents, la lutte entre les différents départements et l'attribution des mérites, la solitude, la veillée mortuaire, bref, "vivre" est certainement le titre qui résume le mieux ce film. 

Une scène marquante : dans la salle d'attente de l'hôpital, un patient qui attend donne le descriptif des différentes options que le médecin prendra si vous avez un cancer. Alors qu'il parle, le pauvre Watanabe tente de lui échapper en s'éloignant jusqu'à ce que l'homme comprenne qu'il le terrorise.

La scène des femmes qui viennent pleurer devant la photo du défunt et le silence embarrassé des chefs de bureau qui s'attribuent les mérites de la réalisation du petit parc vaut rien qu'à elle seule le détour. 

Ce film sombre nous dit qu'il n'est pas trop tard. Il nous dit aussi que cela ne dépend que de nous, et qu'il ne faut rien attendre des autres, c'est ainsi que je comprends le final, lorsque l'employé se lève violemment alors que le remplaçant de Watanabe agit comme une momie lui-aussi, alors que la veille, lors de la veillée mortuaire et sous l'emprise du saké, il était bien décidé à agir !

Le final de la chanson sur la balançoire est très touchant. Un chef d’œuvre, bien sûr.